
Vers une modernité collaborative pour le développement sino-africain
A l’approche de la saison des pluies à Abidjan, l’effervescence est palpable dans le port du golfe de Guinée. Les cargos vont et viennent, tandis que les chantiers de projets d’infrastructure résonnent au rythme des grues et des engins. Cette scène, symbole du dynamisme ouest-africain, illustre parfaitement la coopération sino-africaine en pleine expansion. Lorsque la modernisation à la chinoise rencontre la sagesse africaine, un modèle de développement innovant prend forme, dépassant les frontières et les paradigmes traditionnels.
Lors des Deux Sessions, réunions annuelles des instances politiques suprêmes de la Chine – la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) et l’Assemblée populaire nationale (APN) – qui se tiennent actuellement à Beijing, l’accent a été mis sur l’élargissement de l’ouverture à haut niveau. Cette orientation donne une nouvelle impulsion à la coopération sino-africaine, témoignant de la volonté de la Chine de considérer l’Afrique comme un partenaire à part entière.
Ce partenariat privilégié se traduit concrètement par la priorité accordée à l’Afrique dans la diplomatie chinoise depuis 1991, mais aussi par le soutien de Beijing à l’adhésion de l’Union africaine au G20. La Chine inscrit son engagement dans trois grandes initiatives : l’Initiative pour le développement mondial, l’Initiative pour la sécurité mondiale et l’Initiative pour la civilisation mondiale, qui trouvent une résonance particulière dans la coopération sino-africaine.
Des projets concrets viennent illustrer cette dynamique : la télévision par satellite StarTimes permet à de nombreux villages africains d’accéder aux signaux numériques, tandis que les technologies photovoltaïques chinoises participent à la mise en place de corridors énergétiques verts sur le continent. Cette collaboration ne se limite plus au schéma classique Nord-Sud, mais évolue vers un modèle de partage des connaissances et de co-développement.
En 2023, le concept de « Sud global » a renforcé ces échanges, encourageant des avancées stratégiques. La Chine, en augmentant ses importations de produits agricoles africains, pousse les floriculteurs kenyans à innover, tandis que les pratiques africaines de protection écologique inspirent le développement durable en Chine.
Cependant, cette transformation ne se fait pas sans critiques. La théorie du « piège de la dette », largement relayée par certains médias occidentaux, tente de ternir cette relation. Pourtant, les chiffres démontrent une autre réalité : depuis la création du Forum sur la coopération sino-africaine, les entreprises chinoises ont construit et modernisé près de 10 000 km de voies ferrées, 100 000 km de routes, 1 000 ponts et 100 ports en Afrique, sans compter la construction d’hôpitaux et d’écoles. Plus de 4,5 millions d’emplois ont été générés, sur la base du principe de « consultation, construction et partage conjoints ».
La volonté de diversification et de renforcement de cette coopération est manifeste. Les politiques issues des Deux Sessions, favorisant l’ouverture du marché et l’optimisation de l’environnement des affaires, devraient accélérer les synergies sino-africaines. En Éthiopie, la Zone industrielle orientale intègre non seulement des lignes de production chinoises, mais aussi des normes de gestion et de production durable. De même, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) bénéficie du savoir-faire technologique chinois en matière de logistique et de dédouanement numérique, facilitant l’intégration économique régionale.
Ces avancées redéfinissent les paradigmes de la mondialisation : le développement n’est plus l’apanage d’une minorité, mais le fruit d’une collaboration inclusive. Lorsque l’avenue Chang’an à Beijing et le boulevard Félix Houphouët-Boigny à Abidjan sont baignés sous le même soleil, ils symbolisent la convergence des aspirations de la Chine et de l’Afrique vers un développement partagé, qui s’inscrit dans l’élan global de prospérité commune.
Source : Zhang Jian, Xinhua