Les révélations de Robert Bourgi sur les financements occultes en Afrique 

Les révélations de Robert Bourgi sur les financements occultes en Afrique 

Dans une récente interview accordée à France 24, Robert Bourgi, ancien conseiller politique, a partagé des révélations saisissantes sur les liens entre la France et certains régimes africains. Son livre, « Ils savent que je sais tout, ma vie en France-Afrique« , coécrit avec le journaliste Frédéric Lejal, expose des pratiques de financement politique souvent secrètes et controversées. 

Un système de financement complexe 

Bourgi a décrit un mécanisme où plusieurs chefs d’État africains contribuaient financièrement aux campagnes électorales françaises, notamment celles de Jacques Chirac. Il a expliqué que ces contributions étaient souvent orchestrées par lui-même, agissant comme intermédiaire entre les dirigeants africains et le président français. Par exemple, il a révélé que lors de la campagne présidentielle de 1988, il avait sollicité des fonds auprès de dirigeants comme Denis Sassou Nguesso et Omar Bongo pour soutenir Chirac. 

Des montants significatifs et des promesses non tenues 

Les montants évoqués par Bourgi sont impressionnants. Il a mentionné qu’en 1995, au moins 10 millions de dollars avaient été collectés pour la campagne de Chirac. De plus, il a confirmé que Laurent Gbagbo avait promis trois millions de dollars pour soutenir Chirac lors des élections de 2002. Cependant, ces pratiques soulèvent des questions éthiques et légales quant à l’utilisation de fonds provenant de régimes souvent critiqués pour leur gouvernance. 

Les révélations sur Laurent Gbagbo 

Robert Bourgi a également révélé les détails de ses interactions avec l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. Selon lui, Gbagbo souhaitait se rapprocher de la France et a accepté de contribuer financièrement à la campagne de Jacques Chirac en 2002. Bourgi a organisé une rencontre au restaurant La Pérouse entre Gbagbo, Dominique de Villepin et lui-même, où il a demandé à Gbagbo de soutenir Chirac à hauteur de 3 millions de dollars, malgré les affinités de Gbagbo avec la gauche française. 

Bourgi affirme avoir été témoin de l’ingratitude de Chirac et Villepin envers Gbagbo après sa chute en 2011. Il se sent coupable d’avoir été complice d’une trahison, bien qu’il ait été contre l’intervention française aux côtés d’Alassane Ouattara. Selon lui, Gbagbo avait gagné les élections de 2010 mais a été forcé de partir sous la pression de la France, représentée par Nicolas Sarkozy. 

Une conscience troublée 

Tout en reconnaissant son rôle dans ce système, Bourgi a exprimé des sentiments ambivalents. Il a admis avoir été témoin d’une « ingratitude » de la part des dirigeants français envers Gbagbo après sa chute. Selon lui, cette trahison l’a profondément affecté, et il se sent complice d’un système qu’il désapprouve désormais. Cette introspection soulève des interrogations sur la moralité du lobbying politique en Afrique. 

Un témoignage révélateur 

L’interview de Robert Bourgi met en lumière les dynamiques complexes entre la France et l’Afrique, ainsi que les enjeux éthiques liés au financement politique. Ses révélations offrent un aperçu précieux sur un aspect souvent méconnu des relations franco-africaines.

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