
Investissements chinois en Afrique : des experts africains analysent les enjeux, les limites et les perspectives d’un partenariat stratégique
Le mardi 27 mai 2025, le Consortium des Journalistes Professionnels Africains pour le Renforcement des Relations Sino-Africaines (CJPASA) a organisé un important webinaire consacré au thème : « Les investissements chinois en Afrique ». Cette première rencontre virtuelle de l’année a réuni une large palette de participants issus de divers pays africains, notamment des responsables institutionnels, des chercheurs, des journalistes ainsi que des représentants d’organismes de Presse tels que l’Autorité Nationale de la Presse de Côte d’Ivoire (ANP) et le Réseau des Professionnels de la Presse en Ligne de Côte d’Ivoire (REPPRELCI).
L’objectif principal de cet échange était d’analyser les effets de la coopération sino-africaine et d’identifier des leviers concrets en vue d’établir des partenariats plus justes et durables. Il s’agissait également de proposer des pistes d’amélioration pour rendre cette coopération plus équilibrée, au service du développement africain.
Dans son allocution d’ouverture, le président du CJPASA, Médéric Beugré, Journaliste d’investigation, a soulevé la question de la réelle portée des investissements chinois sur le continent. Il a mis en lumière les enjeux géopolitiques internationaux, en particulier la rivalité commerciale entre la Chine et les États-Unis, et leurs répercussions sur les économies africaines. À ce titre, il a invité les États africains à mieux négocier les conditions des investissements étrangers, à revendiquer des transferts de compétences, et à inscrire les projets économiques dans une vision souveraine et pérenne de développement.
Par ailleurs, M. Beugré a pointé du doigt l’opacité de certains accords tels que, le manque de retombées locales et la faible implication des entreprises africaines dans certains projets d’envergure. Toutefois, il a insisté sur le rôle central que doivent jouer les gouvernements africains dans la défense de leurs intérêts stratégiques. Avant de clore son propos, il a plaidé en faveur d’une intégration régionale plus forte, d’une intensification des échanges intra-africains et d’une meilleure valorisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Présent à ce forum, Kouassi Assouman, Sous-directeur du développement de la presse à l’ANP, a rappelé quant à lui l’importance du rôle des journalistes dans la construction des relations entre les peuples chinois et africains. Il a souligné que les investissements chinois ne sauraient être véritablement bénéfiques que s’ils contribuent concrètement au développement socio-économique des pays africains.
L’économiste International Magaye Gaye, basé au Sénégal, a salué l’utilité du Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FOCAC), qu’il a qualifié de cadre de dialogue équitable. Selon lui, il est essentiel de renforcer la compréhension mutuelle entre les partenaires et d’approfondir les convergences d’intérêts pour en tirer des bénéfices partagés. Dans le même esprit, l’historien Docteur Onana N. Fabrice a mis en avant l’importance du rôle de la Chine dans des secteurs stratégiques tels que les infrastructures, l’énergie ou encore les télécommunications. Néanmoins, il a appelé à une vigilance accrue face aux risques de dépendances économiques, appelant à une gestion rigoureuse des relations bilatérales.
D’autres voix se sont également fait entendre. Gérard Ayiagnigni, journaliste et Directeur de Publication du média Actu Chine-Cameroun, représentant du CJPASA au Cameroun, ainsi qu’Ebrokié Ehouan Aka César, éditorialiste ivoirien, ont tous deux réaffirmé la nécessité d’un partenariat fondé sur le principe du « gagnant-gagnant ». Ils ont insisté sur l’impératif de transparence, sur l’importance d’une participation locale significative, et sur l’exigence de retombées concrètes pour les populations africaines.
Le webinaire, animé avec professionnalisme par la journaliste Ruth Kutemba, représentante du CJPASA en République Démocratique du Congo (RDC), a ainsi ouvert des perspectives claires pour solidifier la relation sino-africaine sur des bases plus équitables, inclusives et véritablement orientées vers un développement durable. Ce webinaire avait aussi pour but d’examiner les retombées de la coopération sino-africaine et à explorer des pistes d’amélioration pour bâtir des partenariats plus équilibrés.
Il convient de rappeler que le CJPASA est une organisation non gouvernementale à but non lucratif, actuellement implantée dans quinze pays africains. Ses missions principales incluent notamment le renforcement des liens entre les peuples africains et chinois, ainsi que la lutte contre le réchauffement climatique en Afrique.