
Changement climatique en Afrique : Une menace pour les pays fragiles et en conflit
Le changement climatique constitue une menace particulièrement lourde pour les pays africains fragiles, surtout ceux affectés par des conflits. Ces nations, telles que la République centrafricaine, la Somalie et le Soudan, sont plus exposées aux catastrophes naturelles comme les inondations, sécheresses et tempêtes, bien qu’elles aient peu contribué à ce phénomène. Les pays fragiles subissent trois fois plus de catastrophes naturelles que les autres, et le nombre de personnes déplacées y est deux fois plus élevé.
En raison de leur emplacement géographique, les pays fragiles sont sujets à des températures plus élevées, et d’ici 2040, ils pourraient subir 61 jours par an avec des températures supérieures à 35°C, soit quatre fois plus que les autres régions. Ces vagues de chaleur, combinées aux événements météorologiques extrêmes, affecteront gravement la santé publique et des secteurs clés comme l’agriculture et la construction, réduisant ainsi la productivité et l’emploi.
Les répercussions économiques du changement climatique dans ces pays sont également plus graves. Une étude du FMI montre que les pertes économiques atteignent environ 4 % du PIB trois ans après un événement climatique extrême, contre seulement 1 % dans les autres pays. Les sécheresses dans les pays fragiles réduisent la croissance annuelle du PIB par habitant de 0,2 point de pourcentage, ce qui creuse davantage l’écart de revenus avec les pays plus stables.
Ces effets dévastateurs sont exacerbés par les conflits internes et la faible capacité de gestion des risques. En Somalie, par exemple, l’insécurité alimentaire provoquée par la sécheresse de 2021-2022 a été aggravée par la présence de groupes terroristes, qui ont empêché l’aide humanitaire d’atteindre les zones affectées. Le changement climatique amplifie aussi les conflits et la faim, avec des projections montrant une augmentation des décès dus aux conflits et 50 millions de personnes supplémentaires souffrant de famine d’ici 2060.
L’agriculture, secteur vital dans ces pays, est particulièrement vulnérable. Avec seulement 3 % des terres cultivées bénéficiant d’irrigation, les exploitations pluviales sont exposées aux aléas climatiques. Le manque d’entretien des infrastructures, souvent endommagées par les conflits, aggrave la situation, comme on le voit au Mali et au Soudan, où des projets d’irrigation autrefois florissants sont aujourd’hui en déclin.
Les financements internationaux sont donc essentiels pour aider ces pays à s’adapter aux impacts du changement climatique. Les moyens nationaux sont insuffisants pour répondre aux besoins de résilience. Le FMI, avec d’autres partenaires, soutient ces pays à travers des conseils, une assistance financière et des programmes de renforcement des capacités, mais un effort global plus important est nécessaire pour protéger les plus vulnérables. Le Sommet africain du climat représente une opportunité cruciale pour intensifier cette mobilisation.