
Affaire foncière à Bessikoi : Komé Bakary, entre double nationalité et expropriations contestées de terrains à Abidjan
La Côte d’Ivoire est secouée par une affaire foncière impliquant Komé Bakary, accusé de s’approprier des terrains au détriment de nombreux acquéreurs. Ce litige, qui concerne notamment le lotissement de Bessikoi, dans la commune de Cocody, prend une ampleur inédite avec de nouvelles révélations et des interventions publiques de figures influentes.
Lors de l’émission télévisée de la Nouvelle Chaîne Ivoirienne (NCI), le député-journaliste Assalé Tiémoko a affirmé, preuves à l’appui, que Komé Bakary alterne entre ses deux nationalités en fonction de ses intérêts. Selon lui, lorsqu’il s’agit d’acquérir des terrains, il agit en tant que citoyen ivoirien, mais une fois assigné en justice, il revendique sa nationalité malienne pour échapper aux poursuites. Cette stratégie suscite de vives réactions et renforce la méfiance des victimes de spoliations foncières.
Plusieurs personnes ont exprimé des plaintes à l’encontre de M. Komé Bakary concernant des litiges fonciers en Côte d’Ivoire. Parmi elles, Mme Traoré Assétou a été déboutée par la justice en décembre 2024 dans une affaire de revendication de propriété à Bessikoi. Elle a ensuite porté l’affaire sur les réseaux sociaux, accusant M. Komé Bakary de l’avoir dépossédée de son terrain.
L’Imam Ali Cissé revendique également un terrain faisant partie du patrimoine de la famille Mambo. Cependant, une convention signée en 2017 entre les héritiers de cette famille et M. Komé Bakary confie la gestion de ces parcelles à ce dernier, ce qui est à l’origine du litige. D’autres individus ont aussi déposé des plaintes contre M. Komé Bakary, l’accusant de les avoir dépossédés de leurs terrains. Toutefois, certaines sources indiquent que M. Komé Bakary a obtenu des décisions de justice en sa faveur confirmant la légitimité de ses actions.
L’Imam Cissé évoque des menaces à son encontre
Ce lundi 24 février 2025, l’Imam Cissé a pris la parole sur Facebook pour exprimer son indignation face à ce qu’il qualifie d' »injustice » et de « spoliation foncière ». Dans un message poignant, il raconte avoir acquis un terrain de 799 m² entre 2016 et 2019, après plusieurs années de sacrifices en tant qu’étudiant.
« Puis, un matin, j’apprends que Komé Bakary est désormais le propriétaire de mon propre terrain », écrit-il avec amertume.
Face à cette situation, l’Imam a refusé toute tractation et tout compromis. Cependant, il affirme aujourd’hui recevoir des menaces après avoir rejeté des propositions d’échange de terrains ou de compensation financière. Bien qu’il ne cite aucun nom, son message révèle un climat de tension et d’intimidation entourant cette affaire.
Le chef du village de Djorogobité 2 dément toute attestation à Komé Bakary
Dans une vidéo publiée le 13 février 2025, le chef du village de Djorogobité 2, Nanan Minkan Assi Joseph, a affirmé n’avoir jamais délivré d’attestation villageoise à Komé Bakary, en particulier sur le lot 1294, îlot 135.
« Ils ont dit que si l’affaire est portée devant la justice, personne d’entre nous n’obtiendra gain de cause, qu’ils sont les plus forts. Mais je leur ai répondu ceci : vous pensez être forts, mais c’est Dieu qui est le plus fort », déclare l’Imam Cissé Ben Ali.
Une enquête en cours et des victimes de plus en plus nombreuses
Plusieurs victimes, dont Mme Traoré Assétou épouse Amon, affirment avoir été dépossédées de leurs terrains par des procédures irrégulières. Elles accusent Komé Bakary d’avoir obtenu des Arrêtés de Concession Définitive (ACD) sur des parcelles déjà attribuées, en s’appuyant sur des documents contestés.
Face à ces accusations, le ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme a annoncé l’ouverture d’une enquête afin de déterminer les responsabilités et d’éclaircir la situation. Le ministre Bruno Koné a promis que toute personne impliquée dans des irrégularités sera sanctionnée conformément à la loi.
Un appel à la vigilance pour les acquéreurs
Cette affaire met en lumière les complexités du système foncier ivoirien et la vulnérabilité des acquéreurs face à certaines pratiques. Les autorités rappellent que seule la détention d’une Attestation de Concession Définitive (ACD) ou d’un titre foncier définitif garantit un droit de propriété incontestable. Elles recommandent donc aux acheteurs de terrains de vérifier minutieusement la légalité des documents fournis avant toute transaction.
En attendant les conclusions de l’enquête, les victimes continuent de se mobiliser pour faire entendre leur voix, espérant que justice leur sera rendue.